Rénovation thermique et bâti ancien : comment procéder ?
Le CAUE 62 conseille et accompagne les collectivités et les particuliers face au double défi écologique et économique de la rénovation. Les atouts des murs de bâti ancien sont souvent méconnus et beaucoup de solutions "clé-en-main" inadaptées se dégradent rapidement faute de précautions préalables. Cela n’est pas sans conséquence pour l’usager… Pour éviter ces déceptions, il existe 3 recommandations simples :
1. S’adapter
Quel âge a votre bâtiment ?
L’enveloppe des bâtiments anciens (antérieurs aux années 1950) est constituée de matériaux plutôt naturels et donc perméables. L’intérêt de ce bâti c’est sa capacité à réguler le taux d’humidité environnant (provenant du sol, ou sous forme de pluie, ou en vapeur ou accidentellement…) et à tempérer les écarts climatiques. Les constructions standardisées (postérieures aux années 50) sont imperméables et étanches. Elles endurent les variations climatiques et l'humidité environnante.
2. Définir des objectifs
Quelles possibilités avez-vous ?
En hiver, est-ce que votre bâtiment est tempéré malgré quelques jours sans chauffage ?
En été, est-ce que votre bâtiment est agréable thermiquement ?
Si oui, cela signifie que les murs de votre maison ont une forte "inertie" ; mieux vaut ne pas altérer cette qualité en isolant les murs (concentrez plutôt vos efforts sur la toiture, les portes et fenêtres, si besoin).
Si vos murs se refroidissent très vite l’hiver, alors il est nécessaire d’appliquer dessus un "correcteur thermique", voire un isolant. Le bâti ancien est davantage propice à des isolations thermiques intérieures.
Pour limiter les difficultés techniques en rénovation, il existe actuellement des isolants qui sont à la fois durables, et appropriés à la nature "humide" des murs anciens. Deux filières sont particulièrement accessibles aux autoconstructeurs, et faciles à trouver (soit en magasin de bricolage, soit sur internet) : il s’agit du béton cellulaire (en "bloc") ou le chanvre/chaux (en "bloc" ou en "béton"). Ces deux filières sont celles qui s’adaptent le mieux à un maximum de contraintes.
D’autres solutions plus répandues existent, telles que la laine minérale, les panneaux synthétiques, etc... Celles-ci, plus courantes, sont également les plus difficiles à mettre en œuvre, car leur efficacité et la maîtrise de leur nocivité dépend de la parfaite qualité de la pose d’une membrane intermédiaire dite "pare-vapeur". Mais la réalité du chantier rend souvent la perfection quasi impossible, particulièrement en rénovation. Prudence donc…
3. Evaluer
Comment faire des économies sur la durée ?
Le seul critère économique (coût d’achat) mène à terme à des résultats thermiques décevants, des désordres pouvant être nocifs pour l’équilibre de votre bâtiment et surtout pour votre santé. En effet, il est important de savoir que les isolants les moins onéreux sont à base de matériaux synthétiques particulièrement toxiques en cas d’incendie. En outre, ces mêmes matériaux ont des aptitudes très limitées, puisqu’ils ne permettent pas de réguler le taux d’humidité. En cas de fuite, par exemple, ces matériaux perdront toute leur performance et devront être remplacés.
Si vous envisagez plutôt des travaux énergétiques durables, cela sera facilité avec des matériaux stables, imputrescibles, non toxiques, et régulant l’humidité ; mieux vaut donc s’orienter vers des matériaux végétaux (chanvre stabilisé, liège, algue, roseau) ou certains matériaux minéraux (béton cellulaire, chaux adjuvanté, aérogel de silice). La sélection de l’un ou l’autre dépendra des contraintes techniques (cf. "outils pratiques" ci-dessous), de la performance recherchée et de l’exposition du mur à l’humidité environnante. Ce choix qualitatif vous permettra d’obtenir un meilleur retour sur investissement, sur la durée.
Poursuivre la réflexion :
Où trouver des outils pratiques ?
Plusieurs outils consultables en ligne peuvent vous aider pour votre réflexion :