Valoriser le bâti ancien pour faire des économies !

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Les bâtis anciens permettent de faire des économies. Pourtant, ceux-ci ont la réputation d’être plutôt des "épaves" thermiques, ce qui contribue à les déprécier fortement… Et si les techniques empiriques du passé (qu’on expérimente depuis plusieurs siècles) pouvaient encore nous inspirer pour nos objectifs de performance à venir ? Telle est la réflexion que le CAUE a évoqué au cours de la journée dédiée au "développement durable", le 12 octobre à Avesnes-le-Comte.

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L’intercommunalité des Campagnes de l’Artois a organisé une journée dédiée au grand public suivant les orientations du "plan climat air energie" (PCAET) impulsé par le ministère de la transition énergétique. A cette occasion, le CAUE a participé à l’animation de cette journée en répondant aux sollicitations des visiteurs sur le stand, mais aussi en sensibilisant le jeune public sur la technique alternative de la terre crue et, enfin, en assurant une présentation sur la thématique de la rénovation énergétique.

Extraits choisis de l’intervention du CAUE :

1. La crise énergétique… un phénomène inédit ?

La crise énergétique actuelle n’est pas inédite. Dès le 17ème siècle, la surexploitation du bois de chauffage a rendu cette denrée rare. La solution, en Europe, a été de privilégier le recours au charbon. En Islande, cette ressource alternative est inexistante. Le besoin rendant ingénieux, les islandais ont vite compris que des maisons à forte inertie** restent d’elles-même chaleureuses.

PCAET Artois 4Une technique constructive (éprouvée depuis le 8ème s. av J.C.), s’est donc développée durant cette crise énergétique (et jusqu’au 20ème s.). Il s’agit des maisons en tourbe. "Ce sont des maisons passives* bien qu’elles ne disposent ni de vitrage performant, ni de ventilation constante [ni d’isolant]." (d’après le Dr Wolfgang Feist, fondateur du label "PassivHaus").

(*"Une maison passive est une maison qui dépense très peu d'énergie, grâce à sa performance thermique. Elle conserve ainsi une température ambiante douce tout au long de l'année.")

Dans le Pas-de-Calais, cette performance a aussi été largement exploitée. La maison la plus ancienne (en terre crue porteuse) se situe à Conteville-en-Ternois et daterait du 16ème siècle.

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2. **"L’inertie", un atout à la carte !

En règle générale, les matériaux à capacité d’inertie sont des matériaux lourds, denses. Ils sont dotés d’une forte "capacité thermique". Cela permet, entre autres, de diffuser de l’air chaud à des moments propices (la nuit, le début de l’hiver). Selon l’effet recherché, cette inertie "quotidienne" (jour/nuit) ou "séquentielle" (plusieurs jours) peut être ajustée à l’usage du bâtiment.

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 Une inertie quotidienne efficace avec des matériaux dédiés : liège, l’enduit chanvre-chaux, les carreaux de terre cuite, l’enduit de terre, etc...

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Une inertie quotidienne efficace avec des matériaux dédiés : béton de chanvre, de brique en terre cuite, de brique de terre crue, etc…

 

3. La végétation, un potentiel thermique oublié

La végétation peut être utilisée pour freiner/filtrer les vents dominants en hiver, pour canaliser les brises en été, et pour limiter les ruissellement et risques d’érosion.

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Exemple : les "clos masures" (18ème siècle) se sont développés par la nécessité de protéger des vents marins plantations et bétail dans un paysage "ouvert" (openfield) sans relief, du fait de la disparition des forêts sous l'effet du déboisement, intensif sous le Premier Empire.

PCAET Artois 9© photo : CAUE de la Seine-Maritime

« En définitive, avant de nous précipiter sur des solutions (…) dont la durabilité et la résistance ne sont souvent pas éprouvées, dont l’entretien et la maintenance risquent de nous rendre dépendants à moyen terme, nous avons tout intérêt à revisiter les solutions du passé et à les questionner sur leur possibilité d’évolution pour s’adapter aux exigences actuelles.

L’autonomie énergétique est objectif essentiel, certes, mais les moyens de l’atteindre doivent aussi être vecteurs d’autonomie."

Samuel Courgey, l’isolation thermique écologique. Mens, Editions Terre vivante, 2010, 256 p.

 

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