En 2020… méthanisons !

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"Intégration territoriale des projets de méthanisation : un enjeu à partager"… un sujet d’actualité pour cette table ronde à laquelle a participé un paysagiste du CAUE lors de l’évènement Métha’Morphose, centré sur la méthanisation, le 4 décembre dernier.

Methanisons

Ce dialogue croisé, avec Claire Bouteloup (médiatrice territoriale), Emmanuelle Latouche (directrice adjointe en charge du pôle Climat au Cerdd) et Laure Dobigny (socio-anthropologue), a été l’occasion de mettre en lumière la complémentarité des métiers et compétences nécessaires au bon développement d’un projet d’unité de méthanisation : intégration paysagère, acceptation par les habitants, communication, enjeux…

D’un point de vue paysager, il est important d’étudier dans un premier temps les différentes composantes "géographiques" :

  • Topographie : privilégier les terrains plats (vallées, plaines ou plateaux), qui nécessiteront moins de terrassement que les côteaux, tout en préservant les espaces de grande qualité (ex : fond de vallée, bords des cours d’eau…) et en évitant les espaces en surplomb/surplomb inversé et les lignes de force
  • Plans et masques : éviter de se placer en premier plan devant un site de caractère bâti (village, monument…) ou de patrimoine naturel…
    Il pourra être également intéressant d’identifier les différents masques végétaux et bâtis qui pourront servir pour atténuer (et non pas masquer) l’impact visuel. De fait, les paysages de bocage sont plus favorables à une intégration douce, via des jeux de haies bocagères, que de grands espaces agricoles ouverts !
  • Dans ces derniers, s’intégrer à la structure du village, en s’implantant dans les franges ! En s’implantant sur les limites des espaces urbanisés, les unités de méthanisation sont, en effet, beaucoup moins perceptibles. D’autant plus que les aménagements paysagers qui seront mis en place s’intègreront dans une continuité existante, au lieu de créer un "ovni vert" au milieu d’openfields.

Il convient donc de s’inscrire dans une réelle réflexion globale et non pas simplement se hâter dans une opportunité foncière.

Pour compléter le choix de l’implantation, des aménagements paysagers pourront être mis en place : talus arbustifs, plantation d’alignements… en faisant bien attention à s’intégrer dans le milieu existant à planter des essences locales, adaptées en taille et en développement !

Il conviendra ensuite de s’intéresser aux problématiques "architecturales" du projet :

  • Les unités de méthanisation comprennent plusieurs éléments : fosses, digesteurs, hangars, silos… qui impliquent une emprise importante pour les nouveaux projets.
    Il est alors important de travailler sur la compacité des sites, en travaillant sur l’organisation interne pour minimiser ces emprises : mutualisation de l’aire d’accès avec celle de l’exploitation, plateformes moins étendues, organisation rationnelle des bâtiments…
  • Le choix du traitement des éléments architecturaux sera également déterminant dans l’intégration de l’ensemble : le choix des couleurs, de l’enfouissement ou non, de soubassements enterrés, de l’homogénéisation des parements…

 

De manière générale, ces projets d’infrastructures font peur. Et en partie pour l’aspect peu qualitatif qu’ils véhiculent. Une attention particulière aux aménagements et à l’architecture va donc permettre de, peu à peu, transformer ces regards vers une meilleure acceptation des projets.

D’où l’importance de dialoguer en amont du projet pour que celui-ci voit le jour dans les meilleures dispositions possibles. Et d’une certaine manière, le dialogue autour du paysage est, peut-être, le plus "facile" à provoquer.

Il est, en effet, très bénéfique d’organiser une rencontre entre les porteurs de projets, les habitants, les associations… et de simplement faire un petit tour du territoire, du village… et de regarder, de discuter sur les perceptions et attentes de chacun.

Il peut également être envisagé l’organisation de visites de projets ayant abouti. Et d’y inviter des acteurs extérieurs pour qu’ils puissent se rendre compte des réalisations et des impacts réels et non plus simplement imaginés et parfois amplifiés.

En ce sens, le CAUE du Pas-de-Calais peut accompagner les porteurs de projets, avec les autres partenaires investis sur le sujet :

  • accompagnement des maîtres d’ouvrage, le plus en amont possible, avant le dépôt du permis de construire ; celui-ci pourra alors porter sur le choix du site, les aménagements envisagés, le choix des essences…
  • mise en place d’ateliers participatifs et/ou des réunions d’information,

Plus en aval, le CAUE peut être un appui aux services instructeurs.