Lotir autrement
Lotir : le "mot fait peur", pourrez-vous lire plus loin ? Et pourtant, le lotissement est le mode le plus répandu d'aménagement de nos territoires. En 2007, sur 1058 permis de construire des maisons individuelles accordées dans le Pas-de-Calais, 22% l'ont été en "diffus", et le reste - soit 78% - en lotissements. Peut-on pour autant se satisfaire de la qualité des lotissements ? Sûrement pas : espaces extérieurs réduits à la route, plan masse navrants, architectures d'un autre temps, implantations incohérentes et pénalisantes pour les habitants : tous ces reproches sont souvent dénoncés par les professionnels qui regrettent que la qualité de vie ne soit pas au rendez-vous dans ces nouveaux quartiers.
Le département du Pas-de-Calais est soumis à une forte pression foncière. Si au cours de ces 200 dernières années la population du département a triplé, passant de 500 000 à presque 1.5 millions d'habitants, cette évolution s'est faite tout d'abord, comme pour la plupart des villes, sous forme d'un formidable exode rural, lors de la montée de l'industrialisation. Mais à partir du milieu du XXème, s'est opéré un très net retour à la campagne. Certains parlent même d'un "exode urbain" ! A ce phénomène s'ajoute depuis quelques années la métropolisation de notre région, touchant la plus grande partie du bassin minier et l'est-arrageois. Dernier point : les risques d'étalement sont plus importants dans un département qui, avec 894 communes, a le plus grand découpage territorial de France.
Autrement ? Derrière ce mot, il y a l'envie du CAUE de proposer d'autres manières de faire, de suggérer de nouvelles méthodes et de susciter aussi des envies. Ainsi se crée par cet ouvrage une nouvelle collection d'édition du CAUE 62. La donne n'est plus la même : les opérations d'il y a trente ans s'inscrivaient dans un contexte de consommation à la fois d'énergie, d'espace et de déplacements. Les chocs pétroliers et les découvertes récentes sur notre impact environnemental nous obligent à changer très vite d'attitude. Autrement donc, car on ne peut plus faire comme avant. Il nous appartient de ne pas bouleverser les grands équilibres ; et l'urbanisme est au coeur de ces impacts. Bien sûr le désir de bien-être de la population reste légitime et notre propos n'est pas de contraindre mais d'inciter à y répondre dans une démarche d'urbanisme durable. Il y a urgence, reconnaissons-le comme hypothèse de départ. "Ca chauffe !" dit l'ADEME. Dans ce travail d'analyse et de propositions, l'Agence De l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie nous a manifesté son fort soutien en souhaitant que les collectivités s'engagent désormais et toujours pour une approche environnementale de l'urbanisme.
Cet ouvrage est le fruit d'un travail partenarial d'écriture et de collectes d'informations, et je tiens à remercier les agences d'urbanisme de Béthune, Boulogne et Saint Omer, le Parc Régional Naturel des Caps et Marais d'Opale, la Mission Bassin Minier, les communautés d'agglomération du Calaisis et d'Hénin-Carvin, le Syndicat d'Etudes du Schéma Directeur de la Région d'Arras, et le SCOT des Communautés d'Agglomération de Lens-Liévin et Hénin-Carvin. Sans eux, le document n'aurait pas contenu toutes les réalisations déjà mis en oeuvre dans notre beau département. Nous avons voulu en effet étayer nos propositions de beaucoup d'exemples : photos, fiches références y sont nombreuses. Les professionnels de ces organismes restent à la disposition des maires et décideurs pour les accompagner et les conseiller, chaque fois qu'ils le souhaitent.
La responsabilité des maires, des décideurs, des aménageurs de tous profils est primordiale et déterminante. Si à la lecture de cet ouvrage, il nous vient des envies d'aménager... autrement... de réfléchir plus longuement avant de valider un plan mettant en jeu l'avenir de votre territoire, alors nous aurons atteint nos objectifs !
Consultation possible au Centre de Ressources du CAUE