La fenêtre : enjeu thermique et patrimonial
Le ministère de l’écologie a confirmé sa volonté de transformer le crédit d’impôt transition énergétique en prime suivant le "Plan Climat" en vigueur. Cette prime sera versée après l’achèvement des travaux et non plus 1 an après, une bonne nouvelle pour envisager des travaux d’économies d’énergie. Parmi les travaux valorisés figurent "le remplacement de fenêtres et de fenêtres de toiture", "les Vitrages de remplacement à isolation renforcée", "les Volets isolants" et les "Portes d'entrées donnant sur l'extérieur". Rare sont les projets de rénovation thermique qui ne sont pas concernés par ces travaux de menuiserie.
Le CAUE 62 vous donne quelques clés pour engager vos travaux !
Un constat alarmant : la banalisation des façades pour une performance limitée
L’appauvrissement des façades, que l’on constate aujourd’hui, est fortement lié à la suppression des menuiseries bois. Elles sont souvent remplacées par des menuiseries en PVC (polychlorure de vinyle) peu coûteuses, mais très contraignantes techniquement, et esthétiquement. En outre, les profils en PVC étant épais, ils réduisent le clair de vitrage et par conséquent l’éclairement intérieur.
"Malheureusement, de toutes les interventions sur la maison, les travaux de menuiseries sont souvent les moins soignés, en raison de l’utilisation de produits standardisés en PVC, aux dimensions inadaptées, aux profils trop épais. C’est un matériau qui ne convient particulièrement pas à la restauration du bâti ancien. Il ne permet pas de reproduire les profils d’origine. De plus, il est non recyclable et non réparable. Sa fabrication produit de nombreux déchets et sa combustion – notamment en cas d’incendie – dégage des vapeurs très toxiques. Le plus souvent de couleur blanche, le PVC s’accommode mal des couleurs traditionnelles et de la peinture, et, contrairement a sa réputation, il demande un nettoyage régulier. Seules les menuiseries en bois permettent d’obtenir des formes, des sections, des profils de moulures (...) tels qu’on en trouve sur les menuiseries anciennes. De plus, les menuiseries en bois offrent la possibilité de nombreuses couleurs, contrairement au PVC (blanc ou gris clair)." (DRAC Nord-Pas-de-Calais. Réhabiliter les maisons ordinaires de l’époque industrielle. Cahier de recommandations).
1. La fenêtre
LA fenêtre de demain sera… en bois !
Tableaux comparatifs : performances du PVC vs performances du bois
Les fenêtres thermiquement les plus performantes sont en bois. La preuve est donnée par le coefficient de performance "Uf" pouvant atteindre la valeur optimale de 0,7 W/m².K (Rappel : plus ce Coefficient U est proche de 0, plus il est performant). Cette valeur n’est atteinte par aucun châssis en PVC, ni en aluminium.
Les bonnes pratiques :
a. Agir prioritairement sur le vitrage
"Le remplacement des fenêtres anciennes doit être seulement envisagé lorsque les menuiseries sont trop dégradées et ne présentent plus les qualités requises au maintien des fenêtres".
"Les performances thermiques des vitrages isolants ont beaucoup évolué. Il existe aujourd’hui un large choix de simples ou doubles vitrages performants, avec de faibles épaisseurs."
"L’opération consiste à insérer un vitrage plus performant, par exemple un double vitrage mince, dans les feuillures existantes. Cela permet d’améliorer les performances thermiques et acoustiques, sans réduire la surface éclairante."
b. Observer avant de remplacer
"Avant tous travaux, il convient de bien examiner l’état des menuiseries et des dispositifs de fermeture. Souvent, un changement des seules pièces dégradées est moins onéreux et tout aussi efficace qu’un remplacement complet des menuiseries." (DRAC Nord-Pas-de-Calais).
"Si leur état le permet, la conservation des menuiseries anciennes est à privilégier. En revanche, lorsque cela n’est plus possible, il convient de choisir des modèles adaptés à l’architecture du bâtiment." (DRAC Nord-Pas-de-Calais). Dans ce cas, il est essentiel de retenir qu’on ne modifie pas la forme ou la taille des ouvertures pour un remplacement de menuiserie : c’est la menuiserie qui s’adapte à la baie et non l'inverse.
2. Les volets roulants
"Du point de vue thermique, leur fonction est double : en hiver, ils créent un espace tampon en protégeant la fenêtre du refroidissement et des infiltrations dues au vent, en été, ils interceptent le rayonnement solaire." (Samuel Courgey. L’isolation thermique écologique. Mens, Terre vivante, 2010, 256 p.).
Pour rappel, la pose de volets roulants n’est pas toujours autorisée. Vérifiez auprès du service instructeur de votre commune. Dans l’hypothèse où ils seraient tolérés, les coffres doivent être dissimulés le mieux possible, et leur installation doit être rigoureuse, car ils sont trop souvent cause de fortes déperditions thermiques. Le bon compromis esthétique et technique consiste à masquer le coffre de volet derrière un lambrequin de bois ajouré et festonné, en prenant soin d’harmoniser la teinte du volet et des coulisses à la teinte des menuiseries.
3. Les fenêtres de toit
"Du point de vue thermique, les lucarnes ou autres vitrages verticaux sont nettement préférables car les fenêtres de toit sont sources de très importantes surchauffes en été et de fortes déperditions en hiver. Si tout de même on en installe, les choisir de dimensions limitées" (Samuel Courgey. L’isolation thermique écologique. Mens, Terre vivante, 2010, 256 p.).
Il existe des modèles encastrés dans le plan de la couverture, qui s’intègrent mieux, et des modèles inspirés des anciennes tabatières, de qualité architecturale supérieure aux modèles courants. On préférera donc, pour des raisons techniques et patrimoniales, les châssis de taille modeste et aux proportions verticales, que l’on implantera plutôt en partie basse des pans de toiture, afin qu’ils soient plus discrets et permettent des vues vers l’extérieur depuis le comble. On évitera de mélanger plusieurs tailles de châssis.
Conclusion :
"En définitive, pour les baies, comme pour les autres organes de la construction, avant de nous précipiter sur des solutions (…) dont la durabilité et la résistance ne sont souvent pas éprouvées, dont l’entretien et la maintenance risquent de nous rendre dépendants à moyen terme, nous avons tout intérêt à revisiter les solutions du passé et à les questionner sur leur possibilité d’évolution pour s’adapter aux exigences actuelles. L’autonomie énergétique est un objectif essentiel, certes, mais les moyens de l’atteindre doivent aussi être vecteurs d’autonomie." (Samuel Courgey. L’isolation thermique écologique. Mens, Terre vivante, 2010, 256 p.).
Dans tous les cas, faites-vous aider par des professionnels compétents (architectes, artisans du patrimoine…).
Pour tout renseignement complémentaire, le CAUE 62 se tient à votre disposition.