Construits ou reconstruits entre le XIIème et le XXème siècle, les 56 beffrois de Belgique et de France sont de remarquables exemples d’architecture civile et civique. Élément symbolique du paysage dans les anciens Pays-Bas et le Nord de la France.
Les 23 beffrois situés dans le nord de la France ont été inscrits en 2005 au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Construits entre le XIème et le XVIIème siècle, ils illustrent les styles architecturaux roman, gothique, Renaissance et baroque. À une époque où la plupart des villes italiennes, allemandes et anglaises s’attachaient surtout à construire des hôtels de ville, dans une partie de l’Europe du nord-occidentale, l’accent était mis sur l’édification de beffrois. Par opposition au donjon (symbole du seigneur) et au clocher (symbole de l’église), le beffroi, troisième tour du paysage urbain, représentait le pouvoir des échevins. Au fil des siècles, il est devenu le symbole de la puissance et de la prospérité des communes.
Source : UNESCO World Hertage Center
Qu’est-ce qu’un beffroi ?
Si au Haut Moyen-Âge il ne constitue qu’une modeste construction en bois venant renforcer les remparts de fortune, le beffroi devient peu à peu une tour "en dur" édifiée dans certaines villes durant le Moyen-Âge. On en trouve près de 23 dans les Hauts-de-France (à Arras, Douai, Béthune, Boulogne, Bergues…). Ces constructions marquaient l’autonomie et la puissance des villes. Les premiers datent du XIème siècle. La construction d’un beffroi n’était possible que lorsque le seigneur de l’époque donnait à la ville le droit de s’administrer elle-même (par l’obtention d’une charte de privilèges).
A quoi servaient les beffrois ?
Au départ lieu multifonctionnel, un beffroi se divise en plusieurs parties : accueil des premières réunions échevinales, prison en sous-sol, cellier et chambre des trésors, salle des cloches, salle des horloges, loge du guetteur... De nos jours, certaines fonctions ont disparu, mais d’autres affectations lui ont été́ attribuées. Il peut renfermer l’office du tourisme, des salles d’exposition, des bureaux, des restaurants, des archives. Son carillon rythme toujours la vie des habitants.
Comment sont construits les Beffrois ?
Ce sont des tours généralement carrées construites en moellons de pierre pour les plus anciennes ou en briques pour les plus récentes (parfois en béton pour les reconstructions). Ils illustrent les styles architecturaux roman, gothique, Renaissance voire baroque. Les plus hauts peuvent atteindre 100 mètres (Lille).
Une inscription au "Patrimoine mondial"
Depuis l’Antiquité les hommes ont cherché à classifier et à valoriser les constructions qui leur paraissaient remarquables. Les textes anciens parlaient alors des Sept Merveilles du monde. Au XXème siècle, les changements économiques majeurs et leurs conséquences sur le patrimoine culturel et naturel ont poussé les états à s’interroger sur la mise en place de structures et organismes en charge de la préservation. Ainsi, dès 1954, la Convention de La Haye aura pour but la protection des biens culturels en cas de conflit armé. En 1964, l'Unesco (Les Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture regroupant 195 états) entreprend les travaux de sauvetage des temples d'Abou Simbel contre la montée des eaux du lac Nasser. Les conventions et comité se succèderont jusqu’en 1978, année des premiers sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial.
Comment figurer sur la liste du patrimoine mondial ?
La Convention du patrimoine mondial a pour objet la reconnaissance des sites "de valeur universelle exceptionnelle" qui sont le patrimoine de l’humanité, et qu’il importe de protéger et de transmettre aux générations futures en raison de leur intérêt pour l’ensemble de l’espèce humaine. Pour être éligibles, les sites doivent, depuis 2007, avoir une valeur universelle exceptionnelle (V.U.E) et satisfaire à au moins un des dix critères de sélection. Les critères sont régulièrement révisés par le Comité pour rester en phase avec l'évolution du concept même de patrimoine mondial. Deux critères ont été retenus en 2005(1) pour la classification des beffrois français et belges :
- Critère (2) : Les beffrois de Belgique et de France représentent des exemples exceptionnels d'une forme d'architecture urbaine adaptée aux exigences politiques et spirituelles de leur temps.
- Critère (4) : On a assisté au Moyen Âge à l'émergence de villes qui, par leur indépendance, se démarquaient du régime féodal dominant. Les beffrois de Belgique et de France symbolisent cette indépendance nouvellement acquise et les liens qu'ils représentent entre les pouvoirs séculier et religieux.
(1) On a attribué la VUE aux beffrois du Nord rétroactivement.